A partir de 9 ans. Stella Frei, une adolescente allemande des années 90, trouve une vieille photo dans le grenier : son grand-père qu'elle adore, Otto Frei, en uniforme de la Wehrmacht, arrête un enfant juif à la sortie de l'école. Bouleversée, Stella pose des questions qui dérangent. En butte au silence obstiné de sa famille, poussée par l'envie d'en savoir plus sur le passé de son grand-père, Stella décide de mettre fin aux non-dits et découvre des secrets qui datent de la Seconde Guerre mondiale...
C'est un récit empreint de tendresse, de fantaisie pour aborder un sujet pourtant tragique et profond de notre histoire.
Extrait :J'ai fait une sacrée trouvaille aujourd'hui. Au fond de la poche d'une drôle de veste.
Je pensais récupérer une pipe en bois, un mouchoir brodé ou des clés rouillées...
... Mais pas une étoile de David. Une étoile en or, une peu rugueuse, aux pointes légèrement arrondies. Je glisse mon doigt le long de ses six branches qui se croisent sans se couper, en passant les unes sous les autres, comme des tresses ou les mailles d'un filet.
Elle est accrochée à une petite chaîne dont les minuscules anneaux, très fins et décolorés par endroits, ressemblent à ceux d'un bracelet.
Je continue de fouiller, on ne sait jamais. Cette veste couverte de poussière recèle peut-être d'autres trésors. En la dépliant, je m'aperçois qu'il s'agit en réalité d'un manteau d'enfant, bleu et blanc, avec une large capuche qui retombe assez bas.
La voix grave de grand-père me fait soudain sursauter :
- Tu n'as rien à faire là-haut, Stella. Descends immédiatement !
Pas question. Je dois d'abord vider les autres poches. Je trouve encore de vieilles photos et une lettre écrite dans une langue étrangère. Je remets tout en place, sauf l'étoile et le bracelet, que je garde dans ma paume. Comme grand-père s'impatiente, je descends en cachant mes mains derrière le dos.
Arrivée à sa hauteur, j'ouvre mon poing et lui montre fièrement mon butin.
Grand-père se mord les lèvres et baisse les yeux. Il devient tout pâle et trébuche. Il a du mal à garder l'équilibre. Il serait sûrement tombé s'il ne s'était cramponné à la rampe d'escalier.
Son visage est fermé, son regard froid, presque hostile. Comme si cette étoile de David l'avait emmené loin d'ici, derrière un mur invisible et infranchissable, une épaisse barrière qui pour la première fois de ma vie me séparerait d'Otto Frei, mon grand-père adoré.
